Par Guillaume Parent, président et conseiller en sécurité financière chez Finandicap
Peu nombreux sont les Québécois qui mesurent la portée de vos accomplissements. C’est à titre de Ministre de l’Emploi du Développement de la main-d’œuvre et de l’Inclusion des personnes handicapées que vous avez réussi à convaincre l’unanimité de la Chambre des communes à mettre en place une prestation pour réduire la pauvreté qui touche les adultes handicapés de manière disproportionnée. Gageons que la ténacité qui a guidé votre carrière de nageuse paralympique en est pour quelque chose!
Dans son dernier budget, le gouvernement propose d’allouer, dès juillet 2025, une prestation maximale de 2400$ par année aux personnes de 18 à 65 ans à qui l’Agence du Revenu du Canada, via le formulaire T2201, a accordé un certificat de crédit d’impôt pour personne handicapée (CIPH). Je comprends la communauté des personnes en situation de handicap de se dire déçue des montants proposés et du nombre restreint de personnes admissibles. Il faut les comprendre, ce supplément de revenu annuel n’aidera pas la grande majorité à atteindre les seuils officiels de pauvreté. Qui plus est, mes concitoyens québécois sont deux fois moins nombreux à demander le CIPH que leurs homologues canadiens. J’estime donc à soixante milles le nombre de Québécois en situation de handicap qui auraient droit à cet argent, mais qui devront prendre rendez-vous avec leur professionnel de la santé pour remplir (encore) de la paperasse et l’envoyer à l’Agence du Revenu du Canada le plus rapidement possible. À tous ceux-là, il faut rappeler que de faire cette demande n’a rien de dégradant. Ce processus ne les stigmatisera pas davantage. Il nous reste qu’à espérer que les professionnels de la santé, les médecins en tête, collaboreront et prendront en considération toutes les améliorations récentes pour rendre les critères d’admissibilité plus clairs et plus larges comme peuvent en témoigner ces articles de 2021, 2022 et de 2023. Ils seront peut-être intéressés au fait que le gouvernement propose de défrayer les honoraires encourus pour remplir le formulaire.
Par ailleurs, j’invite les intéressés à accueillir cette proposition avec un peu de recul. Entre l’annonce de l’intention d’instaurer cette mesure phare de lutte à la pauvreté, jusqu’à son apparition dans le budget fédéral, il ne s’est écoulé que 4 ans. Pour un investissement de 6 milliards de dollars sur cinq ans inclus dans un panier de nouvelles dépenses de quelque 50 milliards, on peut dire que la machine a procédé à la vitesse « Grand V » comme on peut dire que le temps et relatif. Le gouvernement a agi relativement rapidement pour mettre en place cette première mouture pour pouvoir protéger « rapidement » quelque 600 000 personnes contre la hausse généralisée des prix à la consommation. Les chèques pouvant aller jusqu’à 200$/mois seront émis dès juillet 2025… autant que les gouvernements provinciaux n’en profitent pas pour ajuster leurs programmes actuels à la baisse!
Malgré que notre communauté vous ait perdu comme Ministre responsable de la mesure, j’imagine très bien que vous avez continué votre travail en coulisse pour lui assurer une place dans le récent budget. J’espère que vos collègues et vous allez continuer vos efforts pour bonifier la prestation canadienne pour personnes handicapées. Car, selon moi, il s’agit là d’un début. Je demeure optimiste de voir cette mesure bonifiée dans le futur. À mon avis, le Ministère des Finances sous-estime le potentiel socio-économique de l’investissement qu’il s’apprête à faire. Si j’étais vous, Carla, je l’inviterais à suivre tous les effets directs et indirects que 200$/mois aura sur la santé et la participation sociale des prestataires visés. Quand il aura constaté que c’était un bon deal et qu’il en aura eu pour son argent, il lui apparaîtra raisonnable de l’élargir à un plus grand nombre et de bonifier son montant.
Merci, Carla! Vous nous manquez.