Par Guillaume Parent,
Président du cabinet de services financiers Finandicap et membre du comité consultatif des personnes handicapées de l’Agence du Revenu du Canada
Socialement, quand on pense à une personne handicapée, on pense souvent à quelqu’un qui se déplace en fauteuil roulant ou avec une canne blanche. Du moins, à une personne qui vit avec déficience qui est évidente, visible. Or, pour le gouvernement du Canada, qui propose une multitude de mesures pour compenser financièrement les conséquences d’un problème de santé grave et qui perdure plus que 12 mois, les critères d’admissibilité semblent s’élargir tranquillement mais sûrement.
C’est, selon moi, une des causes qui expliquerait le retard qu’accusent les contribuables québécois à réclamer le Crédit d’impôts pour personne handicapée (CIPH). Rappelons-le, ce crédit représente la porte d’accès qui donne droit à plusieurs mesures comme l’Allocation pour enfant handicapé, le montant pour aidant naturel, le REEI et une douzaine d’autres. Que la personne handicapée paie de l’impôt ou non, la demande en vaut la chandelle.
Ce sont des centaines de millions qui sont réservés pour les Québécois en situation de handicap et qui retournent dans les coffres de l’état à chaque année!
En effet, il y aurait, en proportion de la population, environ deux fois moins de Québécois qui seraient fiscalement reconnus handicapés par Revenu Canada que dans les autres provinces, en moyenne. En absolu, c’est environ 143 000 personnes qui seraient admissibles et qui n’auraient pas fait la demande via le formulaire T2201 ou la nouvelle application en ligne!
Ce retard est plus important pour certains segments de la population : les personnes aînées, atteintes d’un trouble du spectre de l’autisme, de difficultés graves d’apprentissage, de problèmes de santé mentale ou de diabète de type 1. Car très rares sont les professionnels de la santé qui vont, d’emblée, avoir le réflexe d’évaluer l’admissibilité de leur patient. Il faut donc se faire confiance et, soi-même, demander à son professionnel de la santé de remplir le formulaire qui atteste de son handicap ou de celui de son enfant.
L’admissibilité au CIPH n’est pas fondée uniquement sur le diagnostic médical. Elle est fondée sur la déficience résultant d’une condition et sur les effets de cette déficience sur le patient. L’admissibilité n’est toutefois pas fondée sur la capacité du patient à travailler, à effectuer des tâches ménagères ou à participer à des activités de loisirs.
Il est important de passer le mot. Depuis quelques temps, le gouvernement, dans son formulaire T2201, a précisé plusieurs questions qui ont trait aux fonctions mentales nécessaires aux activités de la vie courante. Ainsi, le travail du professionnel de la santé sera facilité car il devra juger l’atteinte de son patient dans un ensemble de situations, comme :
Tel que le suggère la Loi sur le Canada accessible, le fédéral fait des pas pour passer d’un modèle médical du handicap vers un modèle davantage social. À titre de personne en situation de handicap siégeant sur le comité consultatif des personnes handicapées de l’Agence du Revenu du Canada, je l’encourage à poursuivre dans la même veine en permettant, notamment, aux travailleurs et travailleuses sociales inscrites à l’Ordre de pouvoir signer le formulaire T2201 qui donne droit au panier de mesures destinées aux personnes en situation de handicap.
À propos de Finandicap
Finandicap est un cabinet, inscrit à l’Autorité des marchés financiers, qui se spécialise dans le conseil aux personnes handicapées et à leurs proches depuis 2010. En offrant des services de courtage indépendants de produits de placements et d’assurance et embauchant des conseillers qui vivent eux même avec un handicap, il met à la disposition de plus d’un milliers de familles sa connaissance avancée des programmes, dont le généreux Régime enregistré d’épargne-invalidité (REEI).